8 avril - A Saillans les 1 199 habitants
ont tous été élus au premier tour !
Un village Gaulois ! Les autres suivront.
Ils en avaient assez que le maire
sortant décide seul : les habitants de ce village de la Drôme ont
travaillé pendant des mois à une liste collégiale, et vécu une belle expérience
de démocratie participative.
De Saillans, Drôme - Que ceux qui ne
croient plus à la politique aillent donc passer quelques jours dans ce petit
coin au sud du Vercors. Ce qui s’y est passé ces derniers mois pourrait bien
les faire changer d’avis. Joachim Hirschler, l’un des nouveaux élus de
Saillans, rapporte avec délice la remarque d’une habitante : « C’est magnifique :
c’est la première fois que je vote avec le sourire. »
Dans ce village de la Drôme, les
municipales ont brassé une énergie formidable.
Face au maire sortant, quelques
habitants ont lancé l’idée d’une « liste collégiale ». Avec l’envie
de changer les choses, de ne pas voter « par dépit », ils se sont
lancés dans une nouvelle manière de gérer leur commune, en sollicitant tous
leurs voisins.
Une « démocratie
participative » pour laquelle ils ont renversé l’organisation pyramidale
de la mairie.
Hop, voilà les
1 199 habitants au sommet. Par petits groupes, ils ont imaginé
ensemble des dizaines de projets et jusqu’à 250 personnes se sont réunies
lors des réunions publiques – soit presque le quart de la population !
Ces deux derniers mois, on ne
parlait plus que de politique, au village. Joachim Hirschler : « A la fin on n’en pouvait
plus, il fallait vraiment faire ces élections. »
Réveil des consciences
Cris de joie à l’annonce des
résultats dimanche dernier, dans une salle bondée : la liste collégiale
remporte les élections au premier tour avec 56,8% des voix pour 1 070 inscrits et
110 bulletins d’écart avec la liste du maire sortant, qui conserve trois
sièges.
L’ANNONCE DES RÉSULTATS DES
ÉLECTIONS
Le soir même, les membres de la
liste collégiale et ses sympathisants ont bu plus de Clairette de Die que
prévu. Il ne reste que des bouteilles de jus de pomme qu’Annie Morin, la
première adjointe, a mis de côté pour le conseil municipal du vendredi suivant.
Le tout premier.
« Va falloir travailler
ensemble, maintenant, pour l’intérêt commun ! », fait remarquer une
vieille dame qui promène son caniche près du cimetière. « Les gens
attendaient quelque chose de ces élections », sourit Sabine Girard, l’une
des élues.
Isabelle Raffner, sur la même liste, acquiesce : « Qu’on gagne ou qu’on perde,
il s’est passé un truc. Un réveil des consciences. Des rencontres, du partage.
Quoi qu’il arrivait, ça allait changer. »
« Un village un peu
rebelle »
A Saillans, la vie est
habituellement aussi douce que les couleurs des maisons. Sur les façades, du
saumon, de la menthe à l’eau ou des nuances de rose. La Drôme qui coule sous le
pont de pierre à l’entrée du village est d’un bleu lagon, tout en transparence.
Les habitants affirment qu’il y a
dans ce village une énergie hors du commun. Une effervescence qui doit en
partie expliquer ce qui s’est déroulé ces dernières semaines. Saillans a connu
l’exode rural et ses maisons abandonnées, avant de voir sa population grossir depuis une dizaine d’années Vincent Beillard, le
nouveau maire, installé depuis 2005, fait partie de ces nouveaux habitants.
C’est une riveraine, Ludmilla, qui
nous a signalé l’expérience de Saillans et la victoire de la « liste
collégiale » : « ...79 % de votants, une belle mobilisation
pour contrer le maire sortant François Pégon cadre-politicien, qui menait une
politique mono-décisionnelle.
Le village foisonne d’associations (une quarantaine, selon Annie Morin). Comme L’Oignon, lancé en 2011, qui propose des soirées vinyles ou
des cours de langues. Son local, sur la Grande rue,
hébergeait autrefois un cercle républicain – L’Union. L’Oignon compte plus
d’adhérents que d’habitants.
Confinés dans la vallée, les
villageois assurent enfin qu’ils bénéficient d’un microclimat : quand ça
souffle à Crest (la commune d’Hervé
Mariton, réélu au premier tour), le mistral passe au-dessus des
Saillansons.
« Le village est réputé pour
être un peu rebelle », s’exalte Michel Gautheron.
« Il y a l’histoire de la
supérette, de la carrière ou la fermeture de la gare – on s’était mis sur la
voie pour arrêter les trains ! »
« Faut faire quelque
chose ! »
L’aventure de « Autrement
pour Saillans... tous ensemble » a démarré en juin autour d’un trio de
villageois, Fernand Karagiannis, Annie Morin et André Oddon. Ils en avaient
marre du coté « chef de village » du maire, François Pégon, qui
prenait des décisions sans consulter la population. Ils ont commencé à imaginer
une démocratie participative.
Annie, ex-enseignante, raconte que
le maire sortant était très attaché au mode électif : « J’ai dit “x fois” au maire
que ça ne fonctionnait plus. De moins en moins de gens assistaient au conseil,
les gens se désintéressaient. »
Dans le trio, André Oddon ne
tenait pas en place : « Faut faire quelque chose ! »
IIs ont commencé à réfléchir à un projet
de gestion municipale alternatif. Leur envie a commencé à s’ébruiter après les
grandes vacances, par bouche à oreille.
Le supermarché, goutte d’eau de
trop
Un événement a cristallisé le
ras-le-bol, en 2010 : le projet d’une supérette qui devait être implantée
à la sortie du village. Le maire n’a pas consulté les habitants pour cette
décision importante : le supermarché, qui n’était pas accessible à pied
depuis le centre, risquait d’affecter les petits commerces.
Un collectif, Pays de Saillans
vivant, s’est mobilisé contre le projet, à grand renfort de
pétitions, manifestations et courriers. Avec succès : le supermarché a été
abandonné.
La bataille du supermarché a
fourni l’énergie nécessaire aux débats sur la gestion de la commune : le
succès des premières réunions publiques en a surpris plus d’un.
Au début, on ne parlait ni de
liste, ni de programme. Il n’y avait qu’une feuille en papier sur la table pour
que les intéressés puissent laisser leurs coordonnées.
Le 16 novembre, dans une
salle polyvalente remplie (120 têtes, « un événement en soi »),
les habitants ont été invités à parler de leur village – une sorte de
diagnostic – avant d’avancer des idées.
Les sympathisants de la liste collégiale, à Saillans, en février 2014 |
Huit groupes de travail ont été
constitués, encadrés par des animateurs : environnement, vivre ensemble,
sport, jeunesse... Tristan Rechid, qui travaille dans un centre social,
explique qu’ils ont utilisé les méthodes de l’éducation populaire, avec des
gommettes et des post-it : « On avait ce pari fou :
bâtir un programme qui ne sortait pas de la tête d’un élu. On était en posture
d’animateurs, à l’écoute, et trente projets ont été définis, initiés par des
propositions d’habitants : de petites choses quotidiennes, de l’embellissement
aux crottes de chien en passant par la redéfinition du stationnement. »
Pendant cette réunion, les
habitants ont beaucoup parlé de lien social, d’écoute et de ce qu’ils
pourraient faire pour décloisonner les générations et les groupes.
Les personnes âgées, par exemple,
avaient envie d’être intégrées au projet de Maison de l’enfance et de la
parentalité, issu de l’ancienne municipalité.
Les municipales, passage obligé
La liste de « Autrement pour
Saillans » s’est constituée au début de l’année. Beaucoup d’associatifs et
une majorité d’actifs, de 20 à 66 ans. Tout le monde est au même
niveau : l’absence de hiérarchie se ressent au niveau de l’animation des
réunions.
Ils n’ont jamais parlé de la
« politique avec un grand P » et ignorent les penchants de leurs
colistiers – le village vote plutôt à gauche. Ils disent se rassembler autour de
valeurs communes, mises au propre dans une charte – on retrouve le dialogue, la
transparence ou la protection de l’environnement.
CAMPAGNE
Un local de permanence sur la
Grande Rue, des réunions publiques, une présence sur le marché du dimanche...
la campagne de «Autrement pour Saillans...
tous ensemble» a coûté 1 500 euros, financée par des dons.
« Ça m’a fait plaisir de voir
que des gens différents se retrouvaient ensemble, sans aucune
cooptation », résume une élue, Dominique Balderanis.
Pour choisir leur tête de liste,
ils ont tranché selon les disponibilités de chacun.
Tristan Rechid : « On a essayé de tenir
jusqu’au bout pour ne pas avoir une personne désignée. Il y avait “la liste de
Pegon” [le maire sortant, ndlr] et “la liste collégiale”.
On a gagné sur ce point : on
n’a pas voté pour une personne mais pour un projet. »
Conseil des sages
Durant les réunions publiques, les
habitants ont également construit le schéma de fonctionnement de leur
municipalité idéale.
Le schéma de fonctionnement « collégial et participatif » |
« On est même allés jusqu’à
se demander si on avait besoin d’un maire », précise Tristan Rechid. Les
conseillers municipaux fonctionneront en binôme autour de sept compétences
communales. Les indemnités leur seront équitablement réparties, en fonction du
temps investi.
Que faire des trois élus de
l’opposition ? « On va les intégrer dans notre fonctionnement, leur
proposer de travailler selon nos méthodes », précise Vincent Beillard, le
nouveau maire.
Une à deux fois par an, la
population sera invitée à donner ses idées lors d’assemblées (les
« commissions participatives » du schéma). Le reste de l’année, il y
aura des petits comités sur des sujets précis, comme le choix du mobilier
urbain ou la question des rythmes scolaires. Et s’il faut trancher sur une
chose importante, les élus aimeraient organiser des référendums.
Sabine se souvient que beaucoup d’habitants avaient critiqué l’abattage d’arbres centenaires, sous l’ancienne municipalité :
Saillans et Les Trois becs, à l’horizon |
« Peut-être que ce choix
était rationnel... Si on avait eu tous les éléments du dossiers, on serait
peut-être arrivé au même résultat. On veut prendre des décisions qui paraissent
justes. »
Dans ce schéma de fonctionnement,
il y aussi un « conseil des sages » : neuf habitants, qui
veilleront au respect de la politique participative et en seront les
ambassadeurs.
Car les élus veulent partager
leurs méthodes, « essaimer » dans d’autres communes.
« Complètement
utopiste »
« Quand je suis sortie de la
première réunion, je me suis dit que c’était complètement utopiste, qu’on y
arriverait jamais », se souvient Sabine Girard, une géographe de
36 ans, attablée à la terrasse du Café des sports. « Je suis quand même revenue
et je me suis laissée embarquer par l’énergie du groupe. »
Les plus "vieux" ont joué un rôle
important, juge-t-elle, alors que sa propre génération y croyait mollement.
Toutes ces réunions, ces centaines
d’e-mails, cette campagne... Ça n’a pas été « un long fleuve
tranquille », raconte Annie.
« Il y avait beaucoup
d’interrogations. Parfois, je rentrais et j’avais l’impression de ne pas
avancer. Il y avait des frictions, du débat, on savait que ça allait être
épuisant mais on est restés. »
Les participants parlent tous d’un
mélange d’utopie et de rigueur, de rêve et de travail.
« Arme de discussion
massive »
Ce jeudi, le maire et sa première
adjointe, fraîchement élus, s’arrêtent toutes les cinq minutes pour dire
bonjour, serrer des mains, faire des bises. Vincent porte un T-shirt à message
de circonstance : « arme de discussion massive », est-il indiqué
sous un haut-parleur. Plus loin, un homme les interpelle
déjà car sa vigne vierge a été prétendument arrachée par du personnel
communal :
« C’est toujours mieux de le
dire amicalement plutôt que d’envoyer une lettre avec des photos. »
Les résultats du premier tour sont
encore placardés sur la porte en bois de la mairie. Le premier magistrat n’a
pas encore récupéré les clés de l’entrée mais les nouveaux élus utilisent une
salle au premier étage, pour leur « réunion de pilotage »
hebdomadaire, ouverte au public. La première des six ans de mandat.
Hollande caché derrière un buste dans la salle du conseil |
Comme ils se trouvent à côté de la
salle du conseil, plusieurs élus vont jeter un œil. « Ils ont caché
Hollande ! », rient-ils en pointant le portrait, posé au fond
derrière un buste.
Le maire prend la parole et fait
le point sur le pot offert aux employés municipaux ou les travaux de la grande
rue.
Ils parlent aussi de
l’intercommunalité : les élus ont rencontré plusieurs maires pour parler
stratégie : « C’est vrai que dès qu’on
sort de Saillans, on est obligés de rentrer dans le jeu politique. »
A la fin, surprise : le maire
reçoit un petit cadeau de ses colistiers qu’il déballe, amusé. Une paire de
chaussettes. « On en avait marre de voir
les tiennes trouées. »
Pour Sabine Girard, le pire
maintenant serait de décevoir les attentes. Ou s’enliser dans une machine
ingouvernable.
Annie Morin la première adjointe et Vincent Beillard le maire, dans la salle du conseil de Saillans |
Puisque les habitants les ont
choisi, ils vont devoir travailler ensemble. Avec Olivier, le secrétaire de
mairie, ils sont en train d’étudier les obligations légales pour clarifier
l’organisation de la nouvelle municipalité. Sabine Girard craint la routine,
aussi :
« Le défi, ça va être aussi
de maintenir cette énergie. »
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Plein de belles initiatives vont se mettre en place
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Très bientôt, nous aurons l'énergie libre de Mr Keshe
Les chinois nous ont devancé et pourtant Mr Keshe était en Belgique et j'ai fait un blog pour les français, avec offre de Mr Keshe de les aider :
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Ici, son générateur fait par les chinois
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Conseil des sages aux îles San Blas – Panama qui ont acquis
leur indépendance face aux USA et Panama.
Annulation de l'élection du maire.
Pas d’élections sans recours.
http://www.courrier-picard.fr/region/pas-d-elections-sans-recours-ia190b0n343056
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